INTERVIEW. - De nombreux influenceurs de téléréalité se sont expatriés à Dubaï, attirés par des conditions fiscales avantageuses. Mais même s'ils habitent à l'étranger, une partie de leurs revenus peut rester imposable en France. Certains exilés fiscaux se trouvent dans une situation risquée, alors que la France a récemment intensifié les contrôles aux Émirats. Les explications d'Alexandre Polak, avocat associé en charge de la pratique fiscale du cabinet Coblence Avocats.
Ideal-investisseur.fr. - Pourquoi voit-on beaucoup d'influenceurs et créateurs de contenus s'expatrier à Dubaï ?
Me Alexandre Polak. – Les Émirats ne sont pas très loin de l'Europe, il n'y a pas de décalage horaire... C'est très pratique pour leur travail. Mais c'est aussi pour une question fiscale.
Les Émirats n'ont pas besoin de prélever beaucoup d'impôts dans l'immédiat puisqu'ils gagnent de l'argent grâce à la vente de pétrole et de gaz. Mais ils ont mis en place une fiscalité attractive pour drainer de l'activité économique afin d'assurer leur transition pour « l'après-pétrole ».
Ainsi, pour un résident fiscal à Dubaï, il n'y a pas d'impôt sur le revenu. En France, vous pouvez payer jusqu'à 45 % d'impôt sur le revenu. Le pays a introduit une TVA il y a seulement deux ans. Pour les services, la taxe est de 5% tandis qu'en France, elle est de 20%. Pareil pour l'impôt sur les sociétés : en France, nous serons à 25 % à partir du 1er janvier 2022. A Dubaï, cet impôt n'existe pas.
Est-ce que l'on peut considérer Dubaï comme un paradis fiscal ?
Ce n'est pas parce qu'un pays a un très faible taux d'imposition qu'il est considéré comme un paradis fiscal. La liste « noire » ou « grise » des paradis fiscaux est relative à un manque d'échange d'informations entre États. Les Émirats sont sortis de cette liste car ils ont signé un accord bilatéral avec la France afin de communiquer des informations sur les résidents fiscaux qui sont domiciliés là-bas.
La vraie question qui se pose pour les expatriés à Dubaï, c'est celle de la validité de la résidence fiscale aux Émirats. Car pour pouvoir bénéficier de cette fiscalité avantageuse, il ne faut plus être considéré comme résident fiscal Français.